Le flipper trouve ses origines au 18ème siècle. Il aurait pour ancêtre la Bagatelle, une ancienne table de jeu inventée en France.
En 1930, avec l'invention du monnayeur, le flipper prend une nouvelle dimension. Il devient lucratif, et suscite de nouveaux intérêts.
Entre 1950 et 1970, le jeu connaît un période faste. Il se développe aux États-unis, puis s'exporte en Europe et dans le reste du monde.
Dans les années 1980, le flipper perd des parts de marché au profit des jeux vidéos d'arcade.
De nos jours, le jeu est essentiellement porté par une clientèle de particuliers, collectionneurs nostalgiques ou nouveaux adeptes.
La Bagatelle est une table de jeu, inventée en France en 1777. Elle serait l'ancêtre du flipper. Elle aurait été créée afin de transposer un jeu de plein air, proche de la pétanque, en un jeu d'intérieur pratiqué sur une table.
Le jeu de Bagatelle fut dévoilé au public lors d'une fête donnée en l'honneur du roi Louis XVI. Cette fête se tenait au château de Bagatelle dans le bois de Boulogne. C'est de là que vient le nom.
Le jeu possédait un plateau incliné. Le principe était de tirer de petites balles en ivoire à l'aide d'une canne, et de viser des trous placés sur le plateau. Chaque trou ayant un certain nombre de points qui lui étaient associés.
L'évolution de la Bagatelle vers le flipper s'est faite en plusieurs étapes :
L'article sur l'évolution du flipper revient en détail sur ces différentes étapes.
Le nom initial du jeu était "billard électrique". Ce nom est toujours utilisé par l'administration française.
En 1947, avec l'invention des batteurs ("flippers" en anglais), le mot "flipper" se lexicalise en France et sert à désigner dans le langage courant le billard électrique. Les anglais, néerlandais, portugais, espagnols, polonais ou russes, utilisent le nom "pinball". Nos amis canadiens utlisent le terme "machine à boules".
La production des Bagatelles à monnayeur (futurs flippers) s'est amplifiée dans les années 1930 grâce à quelques compagnies pionnières.
En 1931, la compagnie Automatic Industries présidée par Arthur Paulin produit la Whiffle Board. Ce fut la première Bagatelle à monnayeur produite à grande échelle (27 000 exemplaires par mois). Automatic Industries employait plus de 300 personnes reparties dans 3 usines, une au Canada et deux aux Etats-Unis (Ohio et Kansas).
Toujours en 1931, le Baffle Ball de David Gottlieb devient un best seller des machines à monnayeur. Vendue 17,5 dollars, la machine donnait 7 billes pour un cent. Ce divertissement bon marché a eu beaucoup de succès dans le contexte de crise financière que connaissaient les Etats-Unis à cette époque. Baffle Ball s'est vendu à 50 000 exemplaires, ce qui a propulsé Gottlieb à la première place de l'industrie du flipper.
"Baffle Ball" de Gottlieb (1931)
En 1932, Ray Moloney, un distributeur Gottlieb, décide de créer et commercialiser sa propre machine, Ballyhoo. Cette machine était moins chère que le Baffle Ball de Gottlieb. Elle était par ailleurs mieux décorée. Elle a connu un grand succès, égalant les 50 000 exemplaires du Baffle Ball en 7 mois. Suite à ce succès, Ray Moloney a fondé la compagnie Bally (Nom tiré de Ballyhoo).
Ray Moloney, fondateur de la compagnie Bally
"Ballyhoo", le premier flipper Bally (1932)
Une autre compagnie pionnière de l'industrie du flipper fut Chicago Coin. Cette compagnie fut fondée en 1931 à Chicago. Elle a produit des flippers pendant 45 ans avant d'être rachetée par la famille Stern en 1976. A cette occasion, l'entreprise fut rebaptisée Stern Electronics.
Chicago Coin fut fondée par 3 associés : Sam Gensburg, Lou Koren et Sam Wolberg. Trois frères de Sam Gensburg (Louis, Meyer et David), créèrent une compagnie de flipper concurrente nommée Genco en 1931. Chicago Coin et Genco sont restées concurrentes jusqu'à leur fusion en 1959.
Chicago était le principal centre de l'industrie du flipper. Mais la Californie n'était pas en reste. À Los Angeles, la société Pacific Amusement, présidée Fred McClellan, a produit le premier flipper relié à électricité en 1933 : Contact. Le concepteur de ce flipper est Harry Williams, un jeune ingénieur qui devint plus tard, un personnage emblématique de l'industrie du flipper. La machine Contact fut son premier succès, elle lui a permis de se faire un nom. Le jeune ingénieur déménagea ensuite à Chicago où il créa la Williams Manufacturing Company en 1943.
À la fin de l'année 1932, il y avait environ 150 fabricants de flippers aux Etats-Unis. La majorité se trouvait à Chicago, cette ville est devenue de fait, la capitale du flipper.
Cependant la compétition entre les différentes sociétés était importante, et en 1934 il ne restait plus que 14 fabricants.
Durant la deuxième guerre mondiale, beaucoup d'usines américaines ont dû participer à l'effort de guerre. L'industrie du flipper n'a pas fait exception, et de nombreuses usines de flippers ont été réquisitionnées pour fabriquer du matériel militaire. A cette époque la compagnie Bally a par exemple produit des détonateurs, des viseurs ainsi que des équipements d'artillerie[1].
Pendant cette période de guerre peu de nouvelles machines ont été produites car le prix des matières premières était trop élevé. Au lieu de cela, les compagnies vendaient des kits de conversion qui permettaient de rafraîchir des flippers existants en changeant leur aspect esthétique.
Cependant, la guerre a quand même eu un impact positif sur l'industrie du flipper car les soldats américains ont exporté des jeux, ce qui a ouvert un marché international après la fin de la guerre.
Durant les années 1940, et jusqu'aux années 1970, le flipper était interdit dans la majorité des villes américaines dont Los Angeles, New York et Chicago. Il était considéré comme un jeu de hasard, plutôt qu'un jeu d'adresse. Les autorités l'assimilaient à un jeu clandestin d'argent. Il est vrai qu'avant 1947, date de l'invention des batteurs (Humpty Dumpty de Gottlieb), le flipper ne nécessitait pas tellement d'adresse. Les joueurs se contentaient de pousser ou d'incliner la machine pour dévier la trajectoire des billes.
Les autorités reprochaient au flipper de faire perdre trop de temps et d'argent aux jeunes. On lui reprochait également d'être exploité par des mafias. La répression "anti-flippers" était particulièrement intense à New-York. A tel point qu'au début de l'année 1942, le maire de New-York - Fiorello La Guardia - a ordonné de rassembler tous les flippers de la ville et d'arrêter leurs propriétaires. Des milliers de machines ont été recueillies en quelques jours avant d'être détruites et jetées dans des rivières. Cette destruction a d'ailleurs été mise en scène, comme on le voit sur la photo ci-dessous qui représente le maire de New-York en train de détruire un flipper à coups de marteau.
Malgré son interdiction, le flipper n'a pas disparu de la circulation. Les jeux furent simplement cachés derrière des rideaux de sex-shop miteux, en particulier dans les quartiers de Harlem et Greenwich Village. La police a continué a traquer les exploitants de flippers jusqu'au milieu des années 1970.
C'est précisément en 1976 que l'interdiction du flipper a été levée à New York. Le lobby de l'industrie du flipper a réussi à provoquer un conseil municipal pour réexaminer cette interdiction.
Leur stratégie : Prouver que le flipper était un jeu d'adresse, plutôt qu'un jeu de chance. Pour cela, les industriels ont appelé le meilleur joueur qu'ils connaissaient pour faire une démonstration. Il s'agissait d'un éditeur de magazine âgé de 26 ans, et nommé Roger Sharpe. Ce dernier a impressionné tout le monde par son jeu et le conseil municipal a presque aussitôt levé l'interdiction[2]. Voici une photo de cet évènement, on y voit Roger Sharpe faisant sa démonstration entouré de caméras, de journalistes et de conseillers municipaux.
A partir de la fin des années 1970, avec l'émergence de l'électronique, les relais et les afficheurs à rouleaux des flippers électro-mécaniques, ont été remplacés par des circuits imprimés et des afficheurs digitaux à segments. Cela a donné naissance aux premiers flippers électroniques. Le tout premier fut le Spirit of 76 de Mirco Games sorti en 1975. Par la suite Bally a sorti son premier flipper électronique Freedom en 1976 et Williams, le flipper électronique Hot Tip en 1977.
L’essor du jeu vidéo, à la fin des années 1970, a porté un coup sévère à l'industrie du flipper. Dans les salles de jeux, les alignements de flippers ont progressivement été remplacés par des bornes d'arcades telles que Space Invaders (1978), Pac-Man (1980) ou Galaga (1981). Ces bornes d'arcades faisaient davantage de chiffre d'affaire que les flippers. Les grands industriels Williams, Bally et Gottlieb se sont mis à produire des jeux vidéos d'arcade en plus grande quantité que les flippers.
L'émergence des jeux vidéos n'a pas eu que des effets négatifs sur l'industrie du flipper. Elle a aussi permis de dynamiser la créativité des constructeurs. Les compagnies ont utilisé les nouvelles fonctionnalités offertes par l'électronique pour rendre les flippers plus attractifs, et regagner du terrain sur les jeux vidéos. Cela s'est traduit par l'apparition de nouvelles fonctionnalités comme les bandes sonores avec paroles du Gorgar de Williams ou les flippers à plusieurs plateaux (Black Hole de Gottlieb ou Black Night de Williams). Au bout du compte, ces innovations n'ont pas permis de relancer les ventes de flippers, mais elles ont apporté de belles avancées dans l'industrie.
Un autre fait marquant de la fin des années 1970 est l'arrivée d'un nouvel acteur de l'industrie du flipper : la compagnie Stern Electronics. Cette compagnie fut fondée en 1977 par Sam Stern et son fils Gary. Sam Stern est un ancien dirigeant de Williams.
Au milieu des années 1980, la production américaine atteint 80% de la production mondiale de flippers. L'Espagne et l'Italie viennent ensuite.
A la fin de la décennie, de nouveaux fabricants apparaissent tels que Capcom ou Alvin G. and Company (fondée par Alvin Gottlieb, le fils de David Gottlieb). Gary Stern, le fils de Sam Stern, fonde à cette époque (1986) Data East Pinball avec des financements de la société japonaise de jeux vidéos Data East Japan.
Durant la décennie 90, les flippers Bally et Williams de génération WPC dominent le marché. Ces flippers possèdent des systèmes sonores et vidéos de plus en plus élaborés, ce qui attire de nouveaux joueurs.
En 1992, le flipper The Addams Family se vend à 20 270 exemplaires. C'est le flipper le plus vendu de tous les temps.
La fin des années 1990 est marquée par un important recul de l'industrie du flipper.
Dès Septembre 1994, la compagnie Data East choisit de se retirer du marché. La filiale Data East Pinball est revendue à Sega [3].
En 1996, trois compagnies ferment : Gottlieb, Capcom, et Alvin G. and Company.
En 1999, c'est au tour de Sega Pinball de fermer ses portes.
Le leader de l'industrie, Williams, n'échappe pas aux difficultés. A la fin de la décennie, l'entreprise ne vend pas plus de 4000 exemplaires de ses machines. Pour rebondir, Williams met au point une nouvelle génération de flipper intégrant un écran vidéo : La génération Pinball 2000. Mais l'innovation ne paie pas. Malgré un bon accueil du premier Pinball 2000, le Revenge From Mars (1999), vendu à plus de 6000 exemplaires, les ventes rechutent avec le suivant, le Star Wars Episode I, qui s'écoule à 3500 exemplaires. Après cet échec, Williams arrête définitivement la production de flipper pour se consacrer au marché des machines à sous.
En 1999, l'industrie du flipper est au plus mal. Sega décide de revendre sa division Flipper à Gary Stern (à qui elle l'avait achetée 5 ans auparavant). Sega Pinball est alors rebaptisé Stern Pinball. A partir de cette date et durant toute la décennie 2000, Stern Pinball fut le seul fabricant de flipper dans le monde.
Quelques anciens employé de Williams ont rejoint Stern Pinball dans les années 2000. Notamment Pat Lawlor (concepteur de Twilight Zone, The Adams Family), et Steve Ritchie (Terminator 2: Judgment Day, Star Trek: The Next Generation)
De nos jours, la compagnie Stern Pinball continue à produire 3 ou 4 modèles de flippers par an.
Au début de la décennie 2010, l'industrie du flipper connait un nouvel essor qui se traduit par une augmentation des ventes et l'apparition de nouveaux fabricants. Certains observateurs expliquent ce renouveau par le succès des jeux vidéos de simulation de flipper. Ces jeux vidéos, apparus récemment sur console et smartphone, auraient dynamisé l'industrie réelle [4].
En 2011, Stern Pinball annonce une augmentation de son chiffre d'affaire. L'entreprise embauchent plusieurs personnes pour faire face cette croissance d'activité.[5] Parmi les nouvelles recrues, il y a Georges Gomez concepteur de Monster Bash et Revenge from Mars.
L'année 2011 fut aussi marquée par l'arrivée d'une nouvelle compagnie de flipper : Jersey Jack Pinball. Cette compagnie fut fondée par Jack Guarnieri, propriétaire du site pinballsales.com spécialisé dans la vente de jeux automatiques (flippers, baby-foot, bornes d'arcade, etc).
Un accord est signé entre Jack Guarnieri et Planetary Pinball Supply, un distributeur officiel de pièces détachées WMS. Cet accord permet à Jersey Jack d'utiliser des pièces et des brevets Bally/Williams pour la production de ses propres machines [6].
Jersey Jack Pinball a investi 2 millions de dollars[7] pour mettre au point son premier flipper, The Wizard of Oz, qui se veut innovant en plusieurs points : premier flipper avec écran LCD, premier flipper équipé de LED à couleurs variables, premier flipper widebody depuis 1994[8]. La mise au point de ce flipper a pris plus de 2 ans. Le Wizard of Oz est finalement sorti en avril 2013.
En 2012, la compagnie Heighway Pinball est créé au Royaume-Uni. Heighway Pinball produit son premier flipper, Full Throttle, en 2015. Il sera suivi du flipper Alien en 2017. Cependant l'entreprise ne parvient pas à trouver un équilibre économique. Heighway Pinball arrête ses activités en 2018.
En février 2013, Charlie Emery fonde le compagnie Spooky Pinball à Benton dans le Wisconsin [9]. Spooky Pinball sort son premier flipper, America's Most Haunted, en 2014. Plusieurs autres flippers sont produits à partir de 2016 : Rob Zombie Spookshow International, Jetsons Pinball, Total Nuclear Annihilation, etc.
En mai 2013, Chicago Gaming signe un accord avec Planetary Pinball Supply et Stern Pinball pour produire une série de rééditions de flippers à succès Bally / Williams. Cet accord se concrétise par la sortie du flipper Medieval Madness Madness Remake en 2015. Ce flipper a été assemblé dans l'usine Stern Pinball, avec des pièces Bally/Williams, fournies par Planetary Pinball Supply (distributeur officiel WMS), et un système électronique conçu par Chicago Gaming[10]. En 2017, Chicago Gaming sort une réédition du flipper Attack From Mars de Bally.